Bonjour
A lire dans le journal local "LE PROGRES" de ce jour
Il y a 60 ans, l'histoire singulière de l'industriel Maurice DesgoutteDécembre 1963. La Tribune - Le Progrès consacre un portrait à l'industriel
Maurice Desgoutte :
dirigeant de la Manufacture automobile de Saint-Étienne, il a conduit ses bolides stéphanois sur les plus belles courses régionales des années vingt.
Samedi 27 août 1927 : la
Mase spéciale course photographiée au retour des essais dans la course de côte du Mont Ventoux (Vaucluse).
Photo
archives La Tribune - Le Progrès
« Nous entendions parler de chercheurs et d'inventeurs.
Nous étions quelques gamins, attirés par ce progrès qui faisait ses premiers pas, et dont nous sentions confusément qu'il ne tarderait pas à marcher à pas de géant ».
Dans La Tribune - Le Progrès du vendredi 27 décembre 1963, Maurice Desgoutte explique comment est née en lui la passion de la mécanique.
Une passion qui le conduira à devenir coureur automobile puis constructeur de voitures.
« Nous étions littéralement envoûtés par la vitesse mécanique », explique l'industriel, alors âgé d'une soixante d'années à notre reporter René Dumas.
« Nous allions voir les locomotives en gare de Châteaucreux.
Ces monstres, crachant la vapeur et la fumée, nous fascinaient et, pour mieux les voir en pleine vitesse, nous montions à l'assaut des ponts de la ville ».
C'est ainsi que Maurice Desgoutte construira son irrésistible vocation pour la mécanique.
Alors qu'il n'a que 20 ans, l'industriel s'associe pour créer sa première société, rue Jules-Ledin à Saint-Étienne.
Spécialisée dans la rectification des vilebrequins et des cylindres pour l'automobile, la société s'adjoint ensuite une activité de fonderie.
« Vers 1925, notre société reprenait la fabrication des automobiles
Mase », explique l'entrepreneur.
La Manufacture automobile de Saint-Étienne va alors connaître ses plus belles heures.
« Nos voitures étaient entièrement faites à la main. Toutes les pièces étaient usinées ».
A cette époque où une centaine de constructeurs étaient en concurrence dans le pays, la Manufacture automobile de Saint-Étienne occupait jusqu'à quatre-vingts ouvriers et livrait partout en France.
Capable d'atteindre les 100 km/hSelon les informations récoltées par notre reporter René Dumas, la
Mase était livrable sous trois types de carrosserie : le torpédo-sport, le cabriolet, et une conduite intérieure quatre places.
Animée par un moteur de 1100 cm3 (six chevaux et quatre cylindres), la
Mase était « en avance sur les moteurs de l'époque ».
Elle était capable d'atteindre les 100 km/h en vitesse maximum et affichait une consommation de six litres pour cent kilomètres.
Un patron devenu pilote de course pour faire briller sa marque« Pour faire connaître la marque - et aussi par goût je le reconnais - je décidais, en 1925, de faire des courses », livre Maurice Desgoutte dans cette interview.
Il met alors au point une
Mase spéciale course, équipée d'un turbocompresseur et d'un système de freins avant électriques.
L'auto pouvait atteindre les 180 à 200 km/h en pointe, pour un poids de 850 kilos.
Sacrifiées par le productivisme des années trenteL'aventure ne durera, malheureusement, que neuf années.
« Après 1932, les méthodes américaines de fabrication automobile se sont implantées progressivement en France et nous ont porté un coup mortel. Le travail de presse et de matrice a détruit rapidement les petites entreprises françaises et, en 1934, je fus contraint d'arrêter la production des voitures
Mase ».
Ce n'est pas, pour autant, la fin des ateliers de fonderie et de construction mécanique qui continueront encore de travailler pour l'armée, les chemins de fer, les mines et les grandes firmes automobiles.
Mais l'épopée automobile restera gravée dans la mémoire de cet homme, comme le rapporte notre reporter : « Accrochées au mur de la salle de séjour, on peut voir, encadrées dans un sous-verre, deux photos représentant des voitures
Mase de 1923.
Deux photos jaunies que Maurice Desgoutte ne regarde pas sans nostalgie. Elles évoquent pour lui tant de souvenirs.
Les plus chers sans doute : ceux de sa laborieuse et sportive jeunesse ».
Un autre rêve de gosse réalisé à Magneux-Haute-RivePassé l'époque de la mécanique et de la fonderie, Maurice Desgoutte a quitté Saint-Étienne pour s'installer à Magneux-Haute-Rive, dans la plaine du Forez.
Là, dans l'après-guerre et encore durant les années soixante, il a dirigé une société de fabrication de couveuses et éleveuses électriques.
Une entreprise destinée à réaliser un autre rêve de gosse.
« A l'âge de 12 ans, je construisais déjà ma première couveuse. L'idée m'en était venue en élevant divers animaux de basse-cour ».