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Le « Circuit des Quatre-Pavillons », d’une longueur de 8,200 kilomètres, est créé sur les communes de Cenon et de Lormont pour accueillir le Grand Prix de France des motocyclettes le samedi 30 juin et le Grand Prix de France des cyclecars et voiturettes le dimanche 8 juillet 1928. Après un départ sur la route de Bordeaux, juste après les Quatre-Pavillons, le tracé tourne à droite pour couper le Chemin des Gravières, offre un parcours sinueux avant de raccorder la rue de Carbon-Blanc. Ensuite, le circuit rattrape sur sa droite la RN10, offrant ainsi une très longue ligne droite aux concurrents, jusqu’au retour au carrefour des Quatre-Pavillons.
Les épreuves, sous l’égide de l’Union Motocycliste de France, sont organisées par le Moto-Club de Bordeaux (MCB), structure présidée par Georges Sarthou. Les engagements sont ouverts dès le 20 mai, pour la somme de 600 francs par cyclecars.
Une organisation matérielle très lourde est mise en place avec l’élargissement des chaussées, de nombreux aménagements des trottoirs ou la pose de clôtures, tout en ne négligeant pas la construction de gradins provisoires et d’un tableau d’affichage sur la route de Bordeaux.
Tout est en place le 30 juin pour l’épreuve réservée aux motocyclettes, une épreuve internationale qui voit le succès de Marcel Jolly sur Alcyon en 175cm3, alors que Syd Crabtree est vainqueur en 250cm3 sur Excelsior et enfin en 500cm3 le trophée revient à l’Irlandais Stanley Woods, sur Norton, devant plus de 10.000 passionnés. Un succès pour l’organisation en prélude au Grand Prix automobile huit jours plus tard.
En ce dimanche estival, le circuit dessiné sur la rive droite de Bordeaux est tout d’abord emprunté par la voiture ouvreuse, une Bugatti 1.500 Sport conduite par les représentants du constructeur à Bordeaux, messieurs Pierron et Renaud. Puis, dès 9 heures du matin, le départ est donné aux 12 concurrents par Georges Sarthou, qui officie également comme Directeur de course. Remond, Bouchillon et Dhome constituent sur Morgan-Darmont le plateau des cyclecars 1.100 cm3. En voiturettes 500 cm3, Anne-Cécile Rose-Itier est la seule engagée au volant d’une Sima-Violet, alors que Dumoret (Violet) et Demazel (Peugeot) le sont tous les deux en voiturettes 750 cm3. Le plateau le plus important réunit les voiturettes 1.100 cm3, une catégorie qui voit s’affronter les Salmson de David et Gauthier, les BNC de Faure et Rongieras, la Tracta de Bourcier et enfin l’Amilcar de Darroman. Cette dernière est la seule voiture équipée d’un compresseur, ce qui vaut à son pilote de devoir partir avec les quinze minutes de retard imposées par le règlement.
Comme le veut la coutume, les concurrents doivent effectuer des distances spécifiques selon leur cylindrée, une méthode utilisée pour essayer d’égaliser et de neutraliser les différences de puissances. Les 1.100 cm3 ont ainsi 40 tours à parcourir, soit 328 km, les 750 cm3 36 tours et Madame Rose-Itier 33 tours. Les premiers tours de la course se passent sans encombre, Dhome devançant Bouchillon et Rose-Itier. Plus loin, Darroman entame dès son envol une superbe remontée. Alors que David est le premier à abandonner suite à une rupture de son alimentation en essence, la Tracta, qui dispose de quatre roues motrices, fait preuve d’une tenue de route remarquable jusqu’à la casse d’un culbuteur qui impose l’arrêt définitif de Bourcier peu après le 10ème tour.
Largement le plus rapide en piste, Darroman poursuit sa chevauchée et lutte dès le 20ème tour avec Rongieras pour mener la course. Une lutte à l’issue courue d’avance vu le rythme de l’Amilcar, ce qui permet à Pierre Darroman de remporter une superbe victoire dans la catégorie 1.100 cm3 et au classement toutes catégories confondues, en 3h28’9’’. Si la moyenne officiellement retenue du vainqueur est de 91,704 km/h, sa moyenne réelle compte tenu de son handicap initial est de 102,145 km/h !